Le poste du Premier ministre : le Rassemblement mise sur Félix Tshisekedi

La situation va de plus en plus dans le sens de se décanter quant à la mise en œuvre de l'accord du 31 décembre résultant des négociations directes entre la majorité et l’opposition sous la médiation de la Cénco. Les travaux liés à l’adoption de l’arrangement particulier censé définir les modalités pratiques relatives à l’application dudit accord se poursuivent au Centre interdiocésain. La journée du 11 janvier a été consacrée à la remise aux délégués des exemplaires des propositions faites par leurs composantes respectives, notamment sur le chronogramme électoral, la formation du gouvernement de transition, le comité de suivi. Chacune des composantes est appelée à analyser ces documents et proposer des amendements qui seront examinés en plénière de sorte qu’à la fin une mouture soit dégagée de manière consensuelle et dans l’intérêt de la population.          
En attendant, le débat actuel s’articule sur la désignation du prochain Premier ministre censé provenir du Rassemblement, plate-forme de l'opposition cristallisée autour d’Étienne Tshisekedi. Là-dessus, le Rassemblement a déjà tranché.  Le nom de Félix Tshisekedi, le fils biologique de l’opposant historique, figure comme candidat Premier ministre sur le document remis à la Cénco et contenant les propositions de la plate-forme sur la mise en application de l’accord du 31 décembre. Parlant au nom du Rassemblement, le coordonnateur de la Coalition des alliés d’Étienne Tshisekedi (CAT), Jean Pierre Lisanga Bonganga, a indiqué que la tendance générale s’est dégagée autour de Félix Tshisekedi qui aurait reçu le quitus de la Dynamique de l’opposition et de l’Alternance pour la République, deux grandes plates-formes affiliées au Rassemblement.  
Mais la désignation de Félix Tshisekedi - le secrétaire national aux relations extérieures promu secrétaire général adjoint de l'UDPS - à la primature de la transition est loin d’être digérée par le Front pour le respect de la Constitution, une autre composante de l’opposition bâtie autour du MLC qui pose un sérieux problème d’éthique. Étienne Tshisekedi, le père, ayant déjà été désigné au terme de l’accord signé le 31 décembre comme président du Conseil de suivi de la transition, organe chargé de veiller au respect des closes jusqu’aux élections prévues pour décembre 2017, le Front trouve indécent que l’on attribue la primature à son fils comme si le pays était un bien privé de la galaxie thisekediste. Si la proposition passait au niveau des concertations que les prélats médiateurs mènent présentement, le Front note que « Félix Tshisekedi se retrouvera en train de gérer la transition et son père en sera le contrôleur ». Et Eve Bazaïba, la coordonnatrice du Front de trancher : « On ne peut être juge et partie en même temps ».
Des appréhensions que la CAT tente de balayer en soulignant qu’Étienne Tshisekedi a été désigné en tant que personnalité et par consensus à la tête du Conseil de suivi de la transition en raison du rôle qu’il a joué dans la lutte pour la démocratie en RDC. Il en serait de même pour le fils dont la candidature est cependant loin de rassurer surtout à la majorité présidentielle qui, sans se prononcer, brandit un critérium de nature à faire taire les ambitions du postulant. Pour la majorité présidentielle qui a aussi déposé ses propositions sur l’application de l’accord du 31 décembre, le prochain Premier ministre devra être « diplomate, patriote et crédible, compétent, d’une forte personnalité et rassembleur. En outre, il devra avoir une connaissance de grandes questions liées aux dossiers importants du pays et doté d’une expertise de gestion suffisante des affaires publiques ou équivalentes.
À tout prendre, il appartiendra aux évêques de bien arbitrer ce différend autour de la désignation du Premier ministre en tenant compte des intérêts particuliers des composantes appelées par ailleurs à mettre un peu d’eau dans leur vin en faisant des concessions nécessaires susceptibles de faire avancer les choses. Il y a lieu de faire diligence et célérité pour aller rapidement à l’essentiel, à savoir la tenue des élections et l’amélioration du social des Congolais.  
Alain Diasso

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