Dialogue made in Cénco : l’opposition vit des divergences et des convergences

Alors que l’on attend l’issue des discussions directes pouvoir-opposition initiées par les évêques, on se pose également des questions sur ce que vont donner ces pourparlers que la communauté nationale et internationale attend. Mais surtout on veut que ce énième dialogue apporte de véritables solutions aux problèmes que vit le pays. Que nous apporte donc l’opposition censée incarner les aspirations du peuple ?
Les discussions directes qui se tiennent sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cénco) devront aboutir à un compromis en vue de permettre les élections présidentielle et législatives dans un délai raisonnable. Mais déjà alors qu’il y a des convergences dans le camp de l’opposition, il y a également certains points qui divisent encore les membres de cette composante à ces travaux.
Les trois sous-composantes qui forment l’opposition, le Rassemblement (Rassop), le Front pour le respect de la Constitution (FRC) et la société civile proche de ces deux sous-composantes, en effet, seront appelées à signer l’accord qui sanctionnera la fin de ces travaux. Mais des signaux qui sortent de ces pourparlers renseignent que ces dernières n’émettent pas sur les mêmes longueurs d’ondes sur certains points.
Le FRC ne soutient pas le partage du pouvoir
Si le Rassemblement a accepté de partager le pouvoir avec les signataires de l’accord de la Cité de l’Union africaine, le FRC conduit par la secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC), Eve Bazaïba, n’est pas favorable à ce partage des postes au gouvernement ni à la territoriale. La plate-forme insiste sur le respect strict des prescrits de la loi fondamentale, notamment en ce qui concerne la date de l’organisation des élections et le nombre de mandats du chef de l’État. Le FRC, en effet, qui dit rester constant par rapport à sa vision de la gestion de la chose publique, n’admet pas cette cogestion du pouvoir qui rassure également le maintient de l’actuel chef de l’État, Joseph Kabila, au pouvoir au-delà des limites fixés par la Constitution, selon un accord bilatéral majorité-Rassemblement découlant du processus commencé dont les bases ont été mises depuis les rencontres tenues en Espagne, en Italie puis en France par les représentants de ce deux regroupements politiques. « Le MLC et le FRC n’ont jamais demandé le maintient de Joseph Kabila au pouvoir, contrairement au Rassemblement qui, en contrepartie, exige la primature. Ce qui est le fruit d’un accord en bilatéral Rassemblement-majorité issu du processus des rencontres secrètes tenues en Espagne, Italie et France », a souligné une source proche de la plate-forme politique conduite par Eve Bazaïba.
Pour cette source, cet accord bilatéral sacrifie les morts, les blessés des 19, 20 et 21 janvier 2015, des 19, 20 et 21 septembre 2016 et des autres dates précédentes, les exilés politiques ainsi que tous ceux qui sont arrêtés par rapport aux manifestations et toutes les autres actions sur le respect de la Constitution et des droits fondamentaux en RDC.
Le comité de suivi : un véritable organe opérationnel
Selon la source précitée, les divergences relevées vont conduire le FRC, si signature de l’accord sanctionnant ces discussions directes il y aura, de le faire sous réserve parce qu’il y aura certains avis et considérations qui ne seront pas partagés par cette plate-forme politique, qui a refusé de faire des compromissions par rapport aux points liés au respect de la Constitution. Malgré cette position, le Front souligne que le comité de suivi de l’application de cet accord devra être un organe véritablement opérationnel qui devra faire la police, le plaidoyer et la pression pour voir les élections organisées dans les délais acceptés par tous les participants à ces discussions directes. Pour cela, les membres (les différentes composantes) de cet organe ne devront faire parti ni du gouvernement ni de la centrale électorale pour éviter d’être à la fois juge et partie. « Moralement, cela ne donne pas d’être membre des institutions qui dirigent et faire également partie de l’organe de contrôle », a souligné la source.
En clair, cette position trouve incompatible la présence dans les institutions dirigeantes de gestion de la période de « transition » et celle de l’organe qui sert de police. Si donc le Rassemblement veut partager le pouvoir avec la majorité, il lui sera amoral de vouloir encore se retrouver dans le comité de suivi.
Lucien Dianzenza

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