Dialogue inclusif : le Rassemblement réclame la primature de la transition

L’accord en gestation prévoit, entre autres, que le président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation du nouveau président élu et ne brigue pas un troisième mandat.
Les pourparlers directs engagés entre les signataires et les non-signataires de l’Accord du 18 octobre sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cénco) sont au point mort. Ils ont été suspendus par les évêques dont le souhait de voir les participants dégager un compromis avant Noël n’a pas tenu face à la versatilité des délégations en présence enclines à remettre en cause des positions prises la veille. C’est sur ce constat amer que les prélats catholiques ont décidé de  suspendre les travaux, pris par leurs activités ecclésiastiques en cette période de la célébration de la fête de la Nativité. En attendant la reprise des travaux prévue d’ici là, le toilettage des textes s’est néanmoins poursuivi  sous la direction du secrétariat de la Cénco avec les deux composantes.
En tout état de cause, le chemin déjà parcouru augure bien d’espoirs quant à la signature de l’accord politique tant attendu, probablement d’ici le 29 décembre, arguent les plus optimistes. Le souhait des uns et des autres est de ne pas dépasser le cap du 31 décembre de sorte à débuter l’année nouvelle avec un accord politique consensuel en poche. Des informations glanées du Centre interdiocésain, il ressort que la divergence fondamentale sur la gestion consensuelle de la période transitoire entre la majorité présidentielle et le Rassemblement  a été aplanie  à près de 95%. Quant au reste des détails toujours pendants, les évêques ont pris l’engagement de s’investir à travers les passerelles qu’ils pourront lancer entre les chefs de délégation des deux camps en présence.  
Les grandes lignes du projet d’accord consensuel portent sur les convergences ci-après : le président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation du nouveau président élu et ne pourra pas briguer un troisième mandat ; les élections présidentielle et législatives se dérouleront en décembre 2017; aucune modification de la Constitution ne pourra intervenir durant la période de transition. Toutefois, selon certaines indiscrétions, le point de désaccord qui justifie le retard pris dans la signature de l’accord en gestation porte sur le partage du pouvoir pendant la période de transition et, en particulier, sur le poste de Premier ministre et sur le contrôle des provinces.
Le Rassemblement exige que le Premier ministre qui va diriger la transition sorte de ses rangs, tandis que les participants au dialogue de la Cité de l’Union africaine s’y opposent. Le seul hiatus dans cette affaire est que Samy Badibanga a déjà été nommé et investi par l’Assemblée nationale. Le déchoir au profit d’un membre du Rassemblement, alors qu’il continue à réclamer son appartenance à cette plate-forme de l’opposition, couvrirait le pays d’opprobre sur le plan national et international, pensent maints analystes. Toutefois, c’est le chef de l’État qui, en dernier ressort, décidera du sort de Samy Badibanga qui, pour l’heure, est sur le qui-vive.
Autre point d’achoppement, la restructuration de la Céni sur laquelle le Rassemblement semble faire une fixation en plaidant pour le changement de ses animateurs. Là-dessus, une certaine opinion pense qu’il faudrait éviter de chambouler cette institution d’appui à la démocratie qui, du reste, sera intensément surveillée par le Comité de suivi de l’Accord que présideront respectivement Étienne Tshisekedi et Eve Bazaiba, sans oublier le peuple ainsi que le Parlement. Quant à la territoriale qui suscite aussi des appétences parmi les participants, d’aucuns demandent au Rassemblement de tempérer ses envies. « Si par exemple le Rassemblement obtenait la primature ou avait une place significative au gouvernement, le problème ne se poserait pas puisque c’est le gouvernement qui donne l’impulsion sur l’ensemble du pays », a réagi le député Henri Thomas Lokondo cité par Radio Okapi.
En définitive, l’espoir reste encore de mise. De part et d’autre, l’on exhorte les participants à faire preuve de sagesse et de dépassement en mettant l’intérêt supérieur de la nation au centre des préoccupations pour offrir à la RDC la chance de négocier une transition pacifique du pouvoir, une première après cinquante-six ans d’indépendance.        
Alain Diasso

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