Dialogue II : le Rassemblement exhume le cas Katumbi

Le retour de Moïse Katumbi, l’ex-gouverneur du Katanga, revient sur la sellette. Le sujet tient la vedette au centre interdiocésain où se tiennent depuis jeudi les travaux de la deuxième phase du dialogue sous la houlette des évêques catholiques. Condamné en juin dernier à trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière à Lubumbashi en plus des charges liées au recrutement des mercenaires étrangers, Moïse Katumbi, actuellement en exil, et qui a manifesté son intention de rentrer au pays, est cependant buté au mandat d’arrêt qui pèse sur lui. Ce qui rend jusqu’à ce jour son arrivée à Kinshasa plus qu'hypothétique. Le Rassemblement, qui entend profiter de nouvelles négociations facilitées par la Cénco pour obtenir la cessation des poursuites judiciaires contre l’ex-gouverneur, fait pression pour obtenir gain de cause. D’ores et déjà, cette plate-forme de l'opposition fait de la libération des prisonniers politiques et du retour des exilés politiques une des exigences fondamentales qui déterminera son implication dans ces pourparlers de la dernière chance. À cela s’ajoute la réouverture des médias fermés.
C’est autant dire que le Rassemblement n’a jamais renoncé à ses préalables et attend de ses interlocuteurs des réponses idoines susceptibles de détendre le climat politique. « Le mieux serait que Katumbi rentre au pays pendant le dialogue mais aussi d’autres exilés politiques », entend-on dire du côté de cette opposition non signataire de l’accord politique du 18 octobre. Cela, pense-t-on, permettrait de décrisper le climat politique et, partant, favoriser la sérénité des débats. Sur ces entrefaites,  des ONG des droits de l'homme ont donné le ton en transmettant aux organisateurs une liste reprenant les noms de tous les prisonniers et exilés politiques. L’optimisme est donc de mise dans les rangs du Rassemblement, d’autant plus que le retour éventuel de Moïse Katumbi fait partie des six points de divergence à débattre pour l’élargissement de l’espace politique. Ce sujet sera examiné dans le cadre de la commission qui se penchera sur les « mesures de décrispation » du climat politique dans le pays, rassure-t-on. 
« Katumbi doit rentrer librement dans son pays (…) Et si le dialogue a été convoqué, c’est pour permettre aux opposants de jouir de tous leurs droits », explique un cadre du Rassemblement. « Nous sommes optimistes là-dessus. On ne peut pas anticiper sur ce qui va se passer », a indiqué, pour sa part, Félix Tshisekedi. D’un autre côté, le Rassemblement, tout en négociant avec la majorité, continue d’agiter le spectre du chaos d’ici le 19 décembre si, par malheur, rien de bon ne sortait de cette deuxième phase du dialogue. « Le peuple va se prendre en charge », fulminent les extrémistes de ce bord politique qui brandissent déjà l’épée de Damoclès en cas d’échec. À la majorité, on préfère ne pas commenter sur une éventuelle libération des prisonniers politiques, encore moins sur le retour de Moïse Katumbi, laissant ce fardeau à la commission compétente chargée d’examiner la question.  
Travaux suspendus jusqu’à mardi
Après l’ouverture le 8 décembre des travaux, ces derniers ont été suspendus et ne reprendront que le mardi prochain pour permettre aux évêques de prendre part à la prise de possession canonique d’un de leur nommé archevêque de Mbandaka. Un temps mort censé permettre aux parties prenantes de prendre connaissance des dossiers et d’affûter leurs argumentaires. Sur le plan organisationnel, rien à signaler. Tous les détails ou presque ont été réglés. Il s’agit notamment de la constitution des commissions ad hoc, de l’élaboration du Code de bonne conduite, de la validation des mandats des participants et de la fixation des matières à débattre en commissions.  
Alain Diasso

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