La condamnation de Moïse Katumbi a été obtenue sous pression d'après Chantal Ramazan

D'après Chantal Ramazani, présidente du Tribunal de paix de Lubumbashi et membre du panel ayant condamné l'ex-gouverneur du Katanga, la peine de trois ans de prison infligée à Moïse Katumbi a été obtenue sous la contrainte. 


Nouveau rebondissement dans l’affaire de spoliation d’immeuble dont s’était rendu coupable l’ex-gouverneur du Katanga Moïse Katumbi Chapwe et pour laquelle il avait écopé d’une condamnation de trois ans de prison. À la manœuvre, une correspondance de la juge présidente du tribunal de paix de Lubumbashi ayant statué sur cette affaire. Depuis Bruxelles où elle se trouve, Chantal Ramazani a cru bon d’adresser , le 26 juillet, une lettre aux autorités politiques et judiciaires de Kinshasa, à l'Union européenne, à l'Union africaine et au chef de la mission de l'ONU en RDC (Monusco).
La particularité de cette correspondance, c’est qu’elle décrit les conditions dans lesquelles elle avait été amenée à poser sa signature au bas du jugement condamnant Moïse Katumbi, passant outre la loi et les procédures.  À l’en croire, cette signature aurait été obtenue sous pression. « J'ai été obligée (...) de condamner M. Moïse Katumbi en vue d'obtenir son inéligibilité », écrit-elle dans sa lettre évoquant au passage des pressions autant physiques que psychologiques qu’elle aurait subies pour légitimer cette action judiciaire. Elle laisse entendre que l’objectif visé par cette démarche était de rendre inéligible Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle, toujours hypothétique, de décembre 2016. 
Dans les milieux proches de l’exécutif national, les révélations de la juge présidente du Tripaix/Lubumbashi ne semblent émouvoir outre mesure. Elles sont, à la limite, tournées en dérision. Pour le porte-parole du gouvernement cité par l’AFP, « cette manœuvre n'aura aucun effet sur le jugement rendu contre M. Katumbi ». Lambert Mende Omalanga relativise la portée de cette lettre signée à partir de Bruxelles et adressée curieusement au ministre de la Justice alors que les juges des tribunaux relèvent du Conseil supérieur de la magistrature. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que son auteur est en quête du statut de réfugié qu’elle voudrait obtenir en s’appuyant sur des allégations qui ne tiennent pas la route, se convainc l’officiel congolais.
Outre cette affaire de spoliation d’immeuble, Moïse Katumbi est également sous la menace d'un autre procès pour atteinte à la sûreté de l'État dans une affaire le liant à un réseau de « recrutement de mercenaires » américains pour déstabiliser le pays à l'approche de la présidentielle prévue fin novembre.
Pendant qu’il se trouve encore à l‘étranger pour des soins médicaux, le ministre de la Justice a averti que la justice congolaise serait habilitée à mettre la main sur lui dès son retour au pays. Une menace qui n’a, hélas, pas ébranlé la conscience de ses partisans prêts à en découdre avec l’autorité politico-judiciaire. Dossier à suivre.
Alain Diasso 

Commentaires