L'UDPS se déchire

L’UDPS, principale formation d’opposition au Congo, a repris sa descente aux enfers, un moment interrompue par sa participation - une première - aux élections frauduleuses de 2011.
Une "déclaration de la base du parti", datée du 12 novembre, rend en effet publique l’intention de ses signataires de tenter de mettre fin au "grand malaise" du parti, "dû à la situation confuse et extrêmement dramatique qui (y) règne". C’est "essentiellement" le résultat de "l’absence prolongée du président" de l’UDPS, Etienne Tshisekedi, 81 ans, en Belgique pour soins médicaux depuis août dernier, absence qui "a donné des ailes aux membres de sa famille biologique pour une intrusion inadmissible dans la gestion quotidienne du parti, en régentant tout ce qui s’y fait".
Les signataires dénoncent l’"usurpation" par Félix Tshisekedi, fils du vieil opposant et secrétaire aux Relations extérieures du parti, "des prérogatives d’autres départements", la "dérive totalitaire", des"suspensions et révocations arbitraires" de membres de l’UDPS, les tentatives "d’utiliser le stylet du président pour signer de prétendues décisions" et la désignation, comme "porte-parole du président", du médecin de ce dernier, pourtant même "pas membre officiel et régulier" du parti.
Les signataires jugent que "la gravité de la crise actuelle […] dépasse" les précédentes au sein de l’UDPS"en profondeur car, comme on le voit, elle affecte de manière charnelle son socle, la famille biologique de son président". Un curieux aveu lorsqu’il s’agit de critiquer la mainmise de ce que les signataires jugent eux-mêmes être le "socle" du parti.
La bataille n'est pas officiellement déclarée, mais « elle est acharnée », assure un cadre de l'UDPS. Parmi les principaux protagonistes, Felix Tshisekedi, accusé par détracteurs de « séquestrer » son père à Bruxelles, et de profiter de sa maladie pour mieux capter son héritage. En témoigne selon eux cette tournée dans l'intérieur du pays qu'il effectue depuis plusieurs semaines. Une tournée aux allures de « pré campagne électorale », estiment certains.
« L'UDPS a besoin d'être redynamisé », rétorque Félix Tshisekedi. Lui assure ne pas chercher à se positionner comme le dauphin, mais se dit prêt à « servir les intérêts de son parti en cas de besoin ». Reste que ces derniers mois, plusieurs concurrents potentiels ont été écartés. Albert Moleka, ex-directeur de cabinet d'Etienne Tshisekedi. Et également Claude Kiringa, le représentant de l'UDPS au Canada, accusé par Félix Tshisekedi d'avoir fait fuiter un rapport interne dans la presse. Un rapport qui préconisait justement l'organisation d'un congrès anticipé au sein du parti pour préparer la succession.
Claude Kiringa conteste son éviction et accuse Félix d'usurper les pouvoirs de son père. « Personne ne peut usurper les pouvoirs du président », s'insurge Claude Kiringa. Plusieurs représentants de l'UDPS à l'étranger ont prévu de se réunir dans les semaines qui viennent pour organiser leur riposte. « Quand on va en guerre, il faut bien mesurer ses forces », prévient l'un d'entre eux.
La déclaration est signée par 19 cadres et membres de la fédération de l’UDPS dans la province du Bandundu, 38 au Bas-Congo, 8 en Équateur, 5 au Kasaï occidental et 39 au Kasaï oriental - province d’origine du "leader maximo" -, 27 au Katanga, 89 à Kinshasa, 14 au Maniema, 8 au Nord-Kivu, 16 au Sud-Kivu et 41 en Province orientale. Le texte a reçu aussi le soutien des fédérations extérieures de l’UDPS : 14 signatures en Afrique du Sud, 2 en Allemagne, 15 en Belgique, 14 au Canada, 10 au Danemark, 1 en Espagne, en Suisse et en Grande-Bretagne, 7 aux Etats-Unis, 4 en France et 5 en Norvège.

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