le M23 menace de riposter en cas d’attaque de la Monusco

Les groupes armés du Nord-Kivu, et notamment les rebelles du Mouvement du 23-Mars, ont jusqu’à jeudi 1er août à 16 heures (heure locale), pour déposer les armes ou abandonner le périmètre de sécurité dressé autour de la ville de Goma et ses environs. Face à l’ultimatum lancé par l’ONU, qui menace de mener l’assaut contre ces groupes, à l'aide de sa brigade d’intervention, Bertrand Bisimwa, président du M23, a affirmé ce mercredi 31 juillet sur RFI que ses troupes ne bougeront pas et que son mouvement se défendra.
Pour la première fois, une nouvelle brigade d’intervention de l’ONU va être utilisée afin de venir en aide à l’armée congolaise, afin d'instaurer une « zone de sécurité » dans la ville. C'est ce qu'a annoncé la force de l’ONU en RDC, la Monusco, ce mardi 30 juillet. C’est aussi la première fois, depuis son déploiement en mai, que cette brigade se prépare à intervenir contre les groupes armés.

Cela fait des semaines que les populations et les élus du Nord-Kivu attendaient un geste fort de la nouvelle brigade d'intervention de l'ONU basée à Goma. La création d’un périmètre de sécurité autour de la capitale régionale - jusqu’à la ville de Saké - est la première décision d’envergure.

L'ultimatum de l’ONU a déjà porté ses fruits 
Jusqu’à présent, cette brigade avait pris connaissance du terrain et commencé à sécuriser Goma. 2 000 hommes (sur 3 000 au total qui devront constituer la brigade) sont déjà sur place. Ils ont sécurisé le périmètre de l’aéroport et déployé des patrouilles mobiles en ville ainsi que sur les collines de Munigi.

« Une menace pour les civils »
La création de ce périmètre de sécurité est aussi, sans doute, la première étape stratégique d’une reconquête zone par zone du Nord-Kivu. Elle s’accompagne d’un ultimatum aux groupes armés qui se trouvent à l’intérieur du périmètre et qui vise, en premier, les rebelles du M23 dont certains sont basés à 10 kilomètres de Goma, dans la localité de Kibati.

A l’expiration de l’ultimatum, « ils seront considérés comme une menace pour les civils et la Monusco prendra toutes les mesures nécessaires pour les désarmer, y compris l’usage de la force, en accord avec son mandat et les règles qui entourent son action », dit le communiqué des Nations unies.

Nous pensons que la Monusco a mal choisi ce moment, a mal choisi la cible, ce n'est pas seulement le M23 qui devait être la cible de la Monusco (...)S'il existe de réelles menaces sur les populations civiles au nord de Goma, elles sont l'oeuvre des FARDC, qui n'ont pas cessé de multiplier des assauts sur nos positions

La brigade d’intervention, composée de soldats sud-africains, tanzaniens et malawites, est ainsi dotée d’un mandat particulièrement offensif puisque sa mission est de neutraliser les groupes armés du Nord-Kivu. A l’expiration de l’ultimatum, on saura si elle a les moyens de ses ambitions. Pour l’heure, le M23 a annoncé qu’il ne quitterait pas ses positions et a promis de riposter en cas d’attaque.

« Nous sommes dans nos positions »
Les rebelles du M23 ont réagi à l’ultimatum de la Monusco en estimant qu’ils ne bougeront pas, car ils se trouvent sur des positions fixées et acceptées par les chefs d’Etat de la conférence des Grands Lacs, le 24 novembre 2012. Ils affirment également qu’ils se défendront s’ils sont attaqués sur leurs positions.

« Nous sommes dans nos positions, nous y resterons. Nous nous défendrons contre tous ceux qui tenteront de nous faire partir de force », a déclaré sur RFI Bertrand Bisimwa, président du M23, avant d’ajouter : « Nous refusons d’attaquer qui que ce soit parce que nous restons convaincus que la solution à la crise actuelle n’est pas militaire. Elle ne sera jamais militaire parce que le conflit est politique. »

Bertrand Bisimwa a par ailleurs affirmé que « si aujourd’hui, la brigade monte dans des discours de velléités guerrières, cela sert à la stratégie du gouvernement congolais de ne jamais trouver une solution négociée à la crise. Mais nous disons que c’est une folie », s’est insurgé le président du M23.

Par RFI

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